Edito
À quoi sert un orchestre en 2025 ?
À « juxtaposer différents espaces émotionnels » comme le dit Milan Kundera du roman ? Oui, certainement, la musique parle au cœur et à l’esprit. Partager les émotions qu’elle suscite avec un public sans cesse élargi, c’est bien la raison d’être de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Ses 110 musiciens et son équipe administrative et technique – quotidiennement dévoués à œuvrer pour un véritable service public de la musique – en sont les acteurs.
À l’heure des inquiétudes multiples (créateurs et intelligence artificielle, administrateurs et affres budgétaires…), on ne peut que se réjouir de l’engouement d’un public toujours au rendez-vous – qu’il en soit ici chaleureusement remercié. Mais il faut plus que jamais concilier responsabilité, ouverture et inventivité, avec des formats de concerts repensés, des lieux et horaires qui s’élargissent toujours plus, des codes susceptibles d’être bousculés… Ces nouvelles expériences n’enlèvent rien aux concerts « classiques » profondément ancrés. Innover tout en gardant le meilleur de la tradition : voilà le défi que doit relever l’Orchestre, cette institution qui a su surmonter les soubresauts de l’histoire depuis 170 ans, grâce au soutien pérenne de ses partenaires et de son public.
Notre saison traduit cette volonté d’ouverture totale. En termes de répertoire d’abord, d’Antonio Vivaldi à Nina Šenk, en passant par des compositeurs comme Anton Bruckner ou Gustav Mahler qui font partie de notre ADN. En faisant la part belle aux musiciens réclamés par les plus grandes scènes internationales tout en accueillant des artistes à l’orée de leur carrière. En créant aussi de meilleures conditions d’accueil pour les spectateurs touchés par le handicap. L’exigence artistique et les valeurs de solidarité nous guident cette saison encore.
Milan Kundera, dont la musique n’a cessé d’irriguer la vie et les réflexions, dit du roman qu’il est « ennemi de la vitesse ». Nous espérons qu’à chacun de nos concerts, dans un monde bouleversé, vous trouverez ce temps suspendu et ces « espaces émotionnels » dont nous avons tant besoin. Pour continuer à faire de la salle de concert un « Jardin féerique » (clin d’œil à Maurice Ravel) où se cultivent le beau, le rêve, le vivre ensemble.
Marie Linden
Directrice générale
Aziz Shokhakimov
Directeur musical et artistique
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