Lettre ouverte des organisateurs de festivals du SMA à destination du gouvernement

Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre de la Culture,
Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Monsieur Jean Castex,

Nous sommes toutes et tous organisateurs de festivals de musiques actuelles regroupés au sein de notre organisation patronale : le SMA. La grande majorité de nos manifestations se déroule au printemps ou à l’été et devrait donc se tenir ces prochains mois.
Ces évènements sont divers par leur taille, leur localisation, leur esthétique musicale, leur jauge, leur projet, etc. Toutefois, nous nous retrouvons tous autour des valeurs d’indépendance, de diversité, de non-lucrativité et d’ancrage territorial.
Cela implique un modèle économique complexe et fragile, dans lequel l’importante part d’autofinancement repose sur des taux de remplissage proches de 100% pour simplement atteindre l’équilibre budgétaire.

La crise sanitaire inédite que nous traversons aujourd’hui ajoute à la précarité de ce modèle des facteurs d’incertitude, et ce, alors même que nous sommes pris dans une course contre le temps : incertitude sur la faisabilité de nos événements et incertitude sur les mesures d’accompagnement de nos structures qui auront à subir les conséquences de cette crise.

Notre ambition est de pouvoir organiser nos évènements, avec bien sûr, l’exigence et la responsabilité qu’impose une telle situation. D’abord pour les publics qui nous suivent fidèlement, et à qui nous devons une offre culturelle diverse, exigeante et qui se fonde sur des valeurs telles que l’émancipation, le vivre-ensemble, l’égalité, etc. Ensuite pour les artistes vis-à-vis desquels nous nous sommes engagés, et qui sont au coeur d’un écosystème impliquant de multiples métiers (labels, producteurs, tourneurs, éditeurs, etc.) pour lesquels les festivals sont devenus incontournables. Enfin, plus largement, pour l’ensemble des acteurs économiques dont l’activité est liée à la nôtre : prestataires techniques et sécurité, services d’hôtellerie et de restauration, mais aussi pour toutes les entreprises locales pour qui nos évènements sont des sources de revenus incontournables sur le territoire.
Nous le réaffirmons clairement, cette ambition ne saurait être satisfaite qu’à condition que la situation sanitaire le permette et que nous soyons en mesure de garantir la santé et la protection des personnes sur nos sites.

Nous avons donc besoin de visibilité afin d’engager nos manifestations dans ce contexte international inédit.
Nos festivals sont indépendants et un “faux pas” pourrait être fatal à l’existence-même de nos projets à l’avenir.

Afin de pouvoir agir à bon escient pour accueillir les parties impliquées (publics, artistes, salariés, prestataires, etc.) en cas de maintien avec de nouvelles normes sanitaires ou d’incapacité d’ouverture, nous vous demandons d’informer les organisateurs a minima 2 mois avant les manifestations.
Plus tôt seront prises vos décisions, moins préjudiciable cela sera.
Evidemment cette visibilité sera sans aucun doute soumise également à des critères en termes de jauges, de localisation géographique (selon les régions), et de caractéristiques (implantation extérieure/intérieure), etc.

Il est impératif de comprendre que les décisions que vous prendrez, dont nous mesurons le bien fondé et la complexité, sont capitales pour la survie de nos structures. Agir trop tard conduirait à une hécatombe, mais ne réagir que ponctuellement sans tenir compte des modifications qui vont impacter le secteur sur la durée serait également préjudiciable.
Aussi nous prenons acte de la cellule d’accompagnement des festivals que vous mettez en place et souhaitons qu’elle puisse nous apporter des réponses précises, circonstanciées et suffisamment en amont de chaque festival.
Nous voulons en outre connaitre les garanties que le Gouvernement est prêt à nous apporter pour préserver le tissu des festivals français et ainsi une partie de notre chère exception culturelle française. En effet, même en cas de tenue, certains événements ne seront pas en mesure d’équilibrer leurs recettes (pertes de sponsors, mécènes, anxiété du public, etc.).

Nous tenons à insister sur l’indépendance de nos manifestations. Cela implique qu’en cas “d’accident”, aucun groupe d’actionnaires ne sera en mesure de venir contribuer à notre pérennité. Nous serions alors en situation de faillite, et dans le secteur hyperconcurrentiel qu’est celui des festivals, il y a fort à parier que cela vienne encore un peu plus contribuer à renforcer la concentration et donc la standardisation de l’offre culturelle.
Aussi, nous appelons, comme nous l’avons déjà fait au sein-même de notre organisation, à une solidarité entre toutes les parties prenantes de notre secteur, afin qu’aucune entreprise ne soit victime de ce contexte.
Nous demandons enfin aux festivals qui font le choix de reporter leurs évènements dans le temps de porter une attention particulière aux projets qui se tiennent sur le même territoire à des dates similaires, dans une démarche concertée.

Sûrs de votre compréhension quant à nos enjeux et problématiques, nous demeurons, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de la Culture, Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Monsieur Jean Castex, à votre disposition pour échanger avec vous très rapidement au vu de l’imminence de la saison des festivals ; même si nous avons bien conscience des innombrables urgences que vous avez à traiter étant donnée la situation actuelle de notre pays

Les festivals adhérents du SMA  

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