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Restitution de la concertation nationale “Printemps de la ruralité”

EDITO

Deux convictions ont inspiré le lancement du Printemps de la ruralité en janvier 2024.

D’un côté, la ruralité, qui est une réalité quotidienne pour un tiers des Français, reste, dans une certaine mesure, un impensé des politiques culturelles. L’action des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) constitue une heureuse exception, avec un engagement des équipes du ministère de la Culture dans les territoires, mais elle doit aujourd’hui être relayée par une mobilisation globale et totale, pour mieux prendre en compte la diversité des territoires et des publics qui s’y trouvent.
Que la ruralité soit encore trop souvent un impensé des politiques culturelles n’empêche pas, et c’est ici la deuxième conviction, que les territoires ruraux soient le lieu d’une vie culturelle particulièrement riche, qu’il faut donc reconnaître et mieux accompagner. N’oublions pas qu’ils comprennent 57 % des lieux culturels, dont 72 % des bibliothèques et 55 % des monuments historiques. L’effervescence culturelle qu’ils connaissent souvent est un terreau de cohésion et de fierté : c’est elle qui permet de dire qu’il n’y a aucun désert culturel en France. Partout, des gens vivent de culture et font vivre leur territoire à travers
la culture. Partout, le patrimoine local participe, dans son infinie variété, à la beauté et la vitalité de notre pays. Ces actions et ces lieux vivants doivent donc être mieux connus et reconnus.
La consultation lancée dans le cadre du Printemps de la ruralité a eu un écho exceptionnel, comme en témoignent le nombre et la qualité des contributions. Les 35 280 connexions constatées sur la plateforme en ligne et les réponses associées, les 44 débats organisés en région ainsi que les missions des parlementaires Virginie DUBY-MULLER et Frédérique ESPAGNAC et
de l’Inspection générale des affaires culturelles sur ce sujet, ont permis de composer un corpus d’idées et d’enseignements inédits sur la vie culturelle en milieu rural.
Ces travaux ont souligné des fragilités qui ne peuvent plus être ignorées. Il ressort tout d’abord que l’offre culturelle existante est insuffisamment connue et valorisée : les nombreuses initiatives locales, la richesse de la vie culturelle en milieu rural et la diversité de ses acteurs manquent parfois de visibilité. Un décalage avec les attentes locales est également constaté. Les formes légères et itinérantes sont plébiscitées et une demande d’implication accrue des habitants dans la programmation culturelle est relevée. Il est aussi exprimé un désir de contenus plus festifs et accessibles.
D’autres problématiques sont propres à toute politique publique en milieu rural, la culture n’y faisant pas exception. La question de la mobilité est omniprésente et constitue un défi pour l’organisation d’une offre culturelle. Elle ne se présente pas sous la forme d’une difficulté d’accès géographique au sens strict, mais par le prisme des problématiques sociales et environnementales, les déplacements étant plus longs, donc plus coûteux et générateurs d’émissions de CO2. Les nombreux exemples de mobilité des œuvres et des artistes sont perçus comme très positifs. Enfin, les acteurs disposant de moyens souvent plus limités qu’ailleurs, le besoin en ingénierie et en ressources humaines est largement remonté. Les communes, en particulier, souhaitent être davantage accompagnées dans leurs projets culturels et disposer d’interlocuteurs identifiés.
Le plan France Ruralités a constitué une première étape dans l’élaboration des réponses à apporter intégrant certains dispositifs culturels dans les axes structurants des politiques territoriales de l’Etat à l’attention des zones rurales. Le ministère de la Culture a également déployé ces dernières années des outils ayant un impact significatif dans ces territoires, tels que le fonds d’innovation territoriale (FIT), l’été culturel ou le fonds incitatif et partenarial (FIP). En 2023, le lancement d’une collecte nationale avec une réduction fiscale exceptionnelle de 75 % pour la restauration des édifices religieux des communes de moins de 10 000 habitants a également répondu à une attente majeure en matière de protection de ces édifices emblématiques des territoires.
Il est maintenant nécessaire de porter une ambition nouvelle : changer de regard sur la vie culturelle en milieu rural, soutenir ses acteurs et ses lieux et créer un dialogue nouveau entre les formes culturelles urbaines et rurales. Ce chantier impliquera impérativement tous les services et opérateurs du ministère de la Culture, quels que soient leurs domaines d’intervention. Il s’appuiera sur le concours et la force d’initiative des collectivités locales, souvent les principaux contributeurs aux projets soutenus, et sur les structures associatives dont la vitalité, notamment grâce à leurs bénévoles, est le terreau de la vie sociale. Il mobilisera tous les secteurs culturels, du spectacle vivant à la protection du patrimoine en passant par les médias et les industries culturelles, l’enseignement et la recherche.
L’élan généré par le Printemps de la ruralité témoigne de l’intérêt porté à la vie culturelle en milieu rural. Par son histoire et sa géographie, le pays dans son ensemble doit une part considérable de sa culture à la France rurale. La vitalité de la culture en ruralité est un bien commun pour tous les Français et doit être reconnue comme tel.

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