autoportrait
Inconsciemment, il nous hante depuis longtemps, depuis le tout début peut-être, l’héritage. Reçu au détour d’un croisement, trimballé sourdement, il faudra un jour à nouveau le transmettre, ce présent. Hier héritiers, on devient passeurs. Alors que nous lègue Guisberg avec The Legacy, son troisième album pour la famille Herzfeld ? Rien de mystique ni de nostalgique, le power trio scelle le pacte et nous tient là, juste là, généreusement, ici et maintenant, par cette musique qui coule de source. C’est du rock and roll, fluide et revêche comme de la vie ; de celui qui s’incarne en chair et en os avec le pouls solide de la rythmique, les nerfs tendus des guitares, les cordes vocales qui s’arrachent, les suées chaudes, les sueurs froides, et surtout, surtout, « the heart! ». Dans une alchimie de fond de vallée, les mains sûres de Jay et Father M viennent raviver le poêle et les contes de Renz ouvrir l’horizon : dans ce refuge des Vosges du Nord, le charme ancestral agit, et sous le clair de lune sont repris en chœur les refrains d’où surgissent poulets, singes et palmiers, prenant vie au son des college radio stations d’un nouveau continent. Mais peu importe l’origine ou la destination, quel plus bel héritage que l’évasion ?