Edito
Que dire ?
Que dire qui n’ait été dit déjà dans les interventions ou tribunes qui ont rythmé ces longs mois ?
Que dire sur l’état du monde, la course folle aux profits qui fait fi de tout, sur l’écologie, sur nos ainés, nos enfants, nos dettes à leur égard, sur le ciel redevenu clair, sur les nuits calmes, sur les liens nouveaux qui se tissent, sur ce que l’on mange, ce que l’on boit, ce dont on a besoin, ce qui nous est essentiel, vraiment essentiel ?
Que dire de nos théâtres vides, nos rues désertes, nos cours d’école d’où aucun cri, aucun rire ne s’échappait, nos forêts interdites, nos couvre-feu, nos mers de silence, nos amers perdus ?
Que dire enfin de nos inquiétudes, nos questions, nos doutes, nos peurs, nos espoirs, nos colères ?
Que dire de tout cela ?
Je proposerais bien une minute de silence, tiens, ça ne s’est jamais fait dans un éditorial !
Et ensuite je donnerais volontiers la parole à Edgar Morin, il n’est pas encore abonné au TAPS mais, qui sait, peut-être cette citation dans notre programme lui donnera-t-elle envie de franchir nos portes pour partager quelques moments forts de la saison qui s’ouvre ? Il écrivait le 19 avril 2020 dans un entretien au journal Le Monde :
« En tant que crise existentielle, cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, nos vraies aspirations masquées dans les aliénations de la vie quotidienne, faire la différence entre le divertissement pascalien qui nous détourne de nos vérités et le bonheur que nous trouvons à la lecture, l’écoute ou la vision d’un chef-d’œuvre qui vous font regarder en face notre destin humain. »
Au TAPS, cette dix-neuvième saison, vous ne verrez pas que des chefs-d’œuvre mais au moins des spectacles accomplis dans le souci de l’Autre, spectatrice ou spectateur, venu à la recherche d’un récit du monde qui ne ressemble pas au sien mais l’enrichit ou le transcende. Vous serez au contact d’artistes d’ici ou d’ailleurs, fidèles ou dans la fièvre de la première rencontre, attendant la clarté retrouvée de nos scènes pour reprendre le cours de notre histoire commune, le fil de nos vies qui se lient, qui se relient enfin !
Avec la vaillante équipe qui m’accompagne, l’ensemble des artistes, techniciens et vacataires que vous croiserez au gré des spectacles, je vous souhaite une joyeuse, enrichissante, émotionnante, rafraîchissante, décloisonnante et déconfinente saison 2020-21 !
Bienvenue à nouveau au TAPS !
Olivier Chapelet